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Objet/sujet, Signalement (Heggen, Claire (1946))

Type de fiche vocabulaire* :
Signalement
Forme de l'expression :
autre
Langue de l'entrée :
Français
Classe syntaxique :
nom
Genre :
masculin
Nombre :
singulier
Aire(s) géographique(s) d'usage :
Enonciateur(s) - Identités :
Type de discours :
pédagogique
Définition :
[définition originale] [2024] "Définition de l’objet : ce qui est placé, jeté devant.

Définition du sujet : qui est assujetti à.

La relation sujet/objet pourrait se formuler ainsi : un sujet assujetti à un objet placé, jeté devant lui.

Selon Etienne Decroux « l’acteur est sujet et objet d’art » pour signifier que l’acteur doit « montrer son œuvre sans montrer sa personne ».

Ce qui pourrait être déjà une définition de l’acteur marionnettiste.

Edward Gordon Craig le formule autrement : «l'acteur doit se tenir au dehors de son personnage ».

En conséquence pour l’acteur, il « ne s’agit pas de s’exprimer mais d’exprimer, non pas de reproduire mais montrer », de se prononcer contre une imitation grossière et matérielle de la réalité, contre la personnification d'un caractère et l'identification totale de l'acteur avec son personnage. Un acteur, qui doit garder l'entière maitrise de ses moyens et imposer à son instinct et à sa nature, le contrôle de son imagination et de son intelligence, selon Denis Bablet.

Autres conséquences :

- « l’acteur, sujet et objet d’art » peut se mettre au service d’un objet d’art, en instance de devenir sujet d’art.

- Dans une relation de progressivité de l’objet par rapport au sujet, le sujet est objectivé, formalisé par l’objet qui l’entraîne. Il devient l’objet de l’objet, lui-même devenu sujet.

De ce passage par l’objet, le sujet revient enrichi d’expériences et porteur de nouvelles mémoires, qui le subjectivent en retour.

- Porteur de mémoire, l’objet lui aussi, garde la trace des expériences, des pensées, des personnes reliées à cet objet. Chargé d’histoire il ne peut se manipuler n’importe comment.

- Dans le prolongement de soi, où commence l’objet ? Où se finit le corps du sujet ? Dans l’indistinction des frontières, lien et séparation se répondent. La porosité entre sujet et objet, pose la question des limites du corps humain et de sa défamiliarisation. Elle en trouble la vision et subvertit les lignes cardinales du corps.

- Le corps métissé, augmenté par l’ajout de matériau hétéroclite non humain, produit de mystérieuses présences composites, hybrides entre abstraction formelle et effet de réel.

- Il n’y a pas le corps de l’objet (marionnettique ou non) d’un côté, et le corps de l’acteur ( marionnettiste ou non) de l’autre, le théâtre (de texte entre autre) d’une part et le corps de l’acteur d’autre part. Le corps, c’est du théâtre avant même d’ouvrir la bouche et d’émettre un son.

- Alors, de quel(s) corps s’agit-il ? Au singulier ou au pluriel ? Corps unique, corps multiple ? Le corps ou les corps de l’acteur ? La marionnette ou les marionnettes ?

Questions:

Quel corps d’acteur faut-il pour quelle marionnette ? Quel type de marionnette ? Quel corps de marionnette ?

Et quel acteur ? Quelle sorte d’acteur ? Réaliste, figure abstraite, personnage, acteur dilaté, serviteur discret, apparition, etc.

Existe-t-il une ou plusieurs pratiques corporelles, spécifiques aux marionnettistes?

Il ne s’agit pas pour les marionnettistes d’être des danseurs, ni des mimes, ni des acrobates, mais plutôt des acteurs, silencieux au départ, à l’écoute de leur corps en prise avec l’objet, aux prises avec l’objet, en relation à l’objet.

C’est à dire, se réaliser comme une pensée en mouvement, en tant que corps pensants, réflexifs, corps émus et qui s’émeuvent dans la relation à l’objet.

Car le champ du marionnettiste réside principalement dans une relation particulière à l’objet. Il consiste à parcourir les possibles qui s’ouvrent à lui en explorant le « je » du corps réel, le jeu du corps « fictif », le corps mouvementé par l’objet, le corps/objet marionnettique, l’objet sujet ou accessoire, le jeu réciproque du corps sujet/objet et de l’objet/sujet, etc.

Dans cette attention particulière à la relation du corps du sujet et du corps de l’objet, il est important d’être à l’écoute et conscient, de ce qui produit du sens, du drame, de la théâtralité et même, in fine, une/des esthétique(s), voire une philosophie donnée par surcroît.

Par où aborder la question du sujet et de l’objet pour la création par exemple ?

- Par le corps du sujet ?

Les fondamentaux du corps. (Ce qui préexiste avant même que nous nous mettions en mouvement, la base sur laquelle s’élabore un pré-mouvement et qui permet ensuite de percevoir les modulations du corps et du mouvement dans l’infinitésimal.

Un corps vivant en équilibre instable permanent, rendu présent parce qu’habité imperceptiblement par ses réajustements constants, entre micro mouvement et macro mouvement, invisible et visible, manifesté. Le presque rien.

L’attitude posturale qui constitue la présence à soi, aux autres, au monde et nourrit le sentiment d’exister et de se constituer en tant que sujet.

Les fondamentaux du mouvement en termes, de corps (global, local), d’espace, de temps, et leur expressivité potentielle.

Risque Inconvénients : la relation à l’objet ne se fait pas spontanément.

Comment transférer, sauvegarder, mettre en relation, cette conscience du corps, sa disponibilité, son adaptabilité en situation d’animation de la marionnette supposée théâtrale ?

- Par le corps de l’objet ?

Vie de l’objet, de la marionnette, faire de l’objet, le sujet. Donner au spectateur le sentiment que l’objet existe comme sujet.

Le risque plutôt qu’inconvénients : un positionnement du corps du sujet, usuel et/ou habituel, unique et souvent frontal. Ce qui n’est pas un problème (quoique) lorsque le corps est masqué dans un castelet ou dans l’ombre de la marionnette. Mais qui pose question dans la manipulation à vue, quelle qu‘elle soit.

- Par la relation Sujet/Objet.

Qui dit relation dit articulation, jointure. Discontinuité et solution de continuité entre deux éléments distincts.

D’abord et dès l’abord envisager le travail à partir de la relation corps/objet, c’est à dire corps et objet ensemble, et non séparément.

D’autant plus, dans le cas d’un corps à vue dans le même temps que son objet, et selon le mode de manipulation, par dessus, par dessous, par derrière, dedans, à distance, jusqu’au corps castelet.

La question qui se pose alors n’est plus tant : qu’est-ce que je fais faire à l’objet ? Mais plutôt : qu’est-ce que l’objet me fait faire ? Comment, où, me guide-t-il ?

Qu’est-ce que l’objet m’apprend de lui-même ? De moi-même ?

Apprentissage, questionnement, mise en doute, réciproque de l’un par l’autre, du plus intime au plus engagé.

- Par les 3 modes :

Un aller-retour permanent entre les trois, questionné, expérimenté, analysé, re-gardé, ajusté, accordé, de manière ludique.

Le corps en situation de relation sensible et raisonnée, immédiatement connecté à l’objet.

Et donc, pour un acteur/marionnettiste de se donner la possibilité des choix, faire des choix, le choix :

- Soit d’un corps global, généralement vertical, axé, centré, de face, usuel, symétrique, dans l’axe même de l’objet. Superposition des axes. Amplitude de mouvement limitée par le champ de vision, la souplesse des poignets.

- Soit d’un corps engagé, asymétrique, transformé, transporté, décentré, déplacé, écarté, délogé de son centre au bénéfice de l’objet.

Objectivé par l’objet, qui lui-même est devenu sujet, centre des attentions et non plus accessoire de l’acteur, jusque-là lui-même sujet et objet d’art.

Un corps décentré pour un décentrement du regard du spectateur vers l’objet. L’acteur sujet et objet d’art, qui se met au service d’un objet en instance de devenir sujet d’art, devient objet.

Paradoxe : c’est en s’objectivant au bénéfice de l’objet/sujet, que le sujet se subjective d’autant plus.

- Soit encore d’alterner corps vertical et corps engagé, s’effaçant tous deux de manière différente au service de l’objet : l’un dans une présence absentée et l’autre donné à voir. Entre corps réel et corps de marionnettiste corporel."

"L'objet, il faut faire avec."
"Objet, projet, trajet"
"L'objet, l'espérer, aller au-devant, l'accueillir, l'accompagner, le quitter à regret." (Français) ; [définition originale]
[Mars 2020] "Définition de l’objet : Ce qui est placé, jeté devant.
Définition du sujet : qui est assujetti à.

La relation sujet/objet pourrait se formuler ainsi : un sujet assujetti à un objet placé, jeté devant lui. L’acteur, sujet et objet d’art, se met au service d’un objet, en instance de devenir sujet d’art. En progressivité, par exemple, le sujet objectivé par l’objet devient l’objet de l’objet, devenu lui-même sujet. De ce passage par l’objet, le sujet revient enrichi d’expériences qui le subjectivent en retour.

L’objet est porteur de mémoire, il garde la trace des expériences, des pensées, des personnes reliées à cet objet. Il est chargé d’histoire et ne peut se manipuler n’importe comment. Dans le prolongement de soi, où commence l’objet ? Où se finit le corps ? Dans l’indistinction des frontières, lien et séparation se répondent.

Objet = chose, truc, accessoire, instrument, outil, figure, effigie, ombre, matière, silhouette, objet de l’objet, non objet, marionnette, pantin, corps marionnettique, marionnettisé, statue, immobilité transportée, robot, automate... il en manque sûrement !

Dans la relation sujet/objet, à vue, la porosité entre sujet et objet pose la question des limites du corps humain et de sa défamiliarisation. Elle en trouble la vision et subvertit les lignes cardinales du corps. Le corps métissé, augmenté par l’ajout de matériau hétéroclite non humain, produit de mystérieuses présences composites, hybrides entre abstraction formelle et effet de réel." (Français) ; [définition originale]
[2017] "Définition de l’objet : « Ce qui est placé, jeté devant. » Définition du sujet : « Qui est assujetti à. » La relation objet/sujet pourrait se définir par l’assujettissement du sujet à l’objet placé ou jeté, devant lui. L’acteur, sujet et objet d’art, se met au service d’un objet en instance de devenir sujet. En progressivité, par exemple, le sujet objectivé par l’objet, devient l’objet de l’objet, devenu lui-même sujet. De ce passage par l’objet, le sujet revient enrichi d’expériences qui le subjectivent en retour. L’objet est porteur de mémoire, il garde la trace des expériences, des pensées, des personnes reliées à lui. Il est chargé d’histoire et ne peut se manipuler n’importe comment. Dans le prolongement de soi, où commence l’objet ? Où se finit le corps ? Dans l’indistinction des frontières, lien et séparation se répondent. Objet = chose, truc, accessoire, instrument, outil, figure, effigie, ombre, matière, silhouette, objet de l’objet, non objet, marionnette, pantin, corps marionnettique, marionnettisé, statue, immobilité transportée, robot, automate… il en manque sûrement !" (Français)

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